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Lettre de janvier 2007

LA LETTRE D’APPUI RWANDA
Janvier 2007

— Participer à l’effort de reconstruction du Rwanda

Chers amis,

Nous profitons de cette lettre pour souhaiter à toutes et tous ainsi qu’à ceux qui vous sont chers, une bonne et heureuse année 2007 !

Comme nous vous l’avions annoncé lors de l’envoi du compte-rendu de notre dernière Assemblée Générale, voici quelques nouvelles de notre association pour la fin d’année 2006 :

Rencontre avec Jean Claude Lefort, président d’honneur d’Appui Rwanda :

Le mardi 12 décembre dernier, nous avons organisé une rencontre autour d’un pot amical auquel nos adhérents de la région parisienne étaient conviés, afin de rencontrer Jean Claude Lefort, qui nous a fait le plaisir d’accepter d’être Président d’honneur d’Appui Rwanda.

Rappelons rapidement qui est Monsieur Jean Claude Lefort

Député du Val-de-Marne, il fait partie au sein de l’assemblée nationale du groupe des députés communistes et républicains ; il est membre de la commission des affaires étrangères et président du groupe d’études sur le sida. En 1994, il fut vice-président de la mission parlementaire pour le Rwanda dont il fut le seul membre à refuser de signer les conclusions du rapport.
Une vingtaine de personnes qui s’étaient déplacées ont pu échanger à propos des évènements faisant suite au rapport du Juge Bruguière.
Monsieur Lefort nous a encouragé dans nos démarches pour obtenir des subventions, les dossiers à déposer au niveau national et même européen n’étant pas, à priori, plus fastidieux à réaliser que pour des subventions régionales.
Solange et sa petite fille Erika étaient présentes, elles vont bien toutes les deux et Solange suit des cours intensifs de Français.

Point sur les parrainages

En juillet 2006, nous avions envoyé à tous les parrains, un courrier pour les alerter sur l’inflation importante au Rwanda qui nous oblige à envisager une augmentation des parrainages tant en primaire qu’au secondaire. En effet, le coût de la scolarité a tout simplement doublé par rapport à 2003.

Dans notre courrier, nous vous proposions la possibilité de transformer le parrainage individuel en parrainages multiples étant donné le montant conséquent en 2006. Il nous est nécessaire de savoir si vous avez l’intention d’augmenter votre participation car dans le cas contraire, nous devons envisager rapidement un parrainage multiple afin de ne pas compromettre la poursuite de la scolarité des enfants.

A ce propos, Vénuste Kaymahé, responsable de l’association à Kigali, nous a envoyé un mail dernièrement qui nous rappelle les conditions de scolarisation et notamment dans le secondaire, en voici un extrait :

« (...) Les frais de scolarité comprennent outre le minerval [1], d’autres accessoires tels que les frais d’assurances, de transport, de soins en cas de maladie....

Les établissements de l’état, donc beaucoup moins chers que les établissements privés, qui accueillent tout de même peut-être 80 % des enfants du secondaire. Ces derniers ont des tarifs allant de 2 à 8 fois celui des établissements scolaires d’état. Et les gens n’ont pas le choix, car il n’est pas donné à n’importe qui d’obtenir une place dans les établissements publics, qui sont très sélectifs.

Il faut savoir que si l’on donne seulement l’équivalent du minerval à un enfant orphelin ou ayant des parents indigents, il n’ira certainement pas à l’école, car cela ne suffit pas. En effet, il n’ira pas à l’école le ventre vide, il n’ira pas, et ne sera pas accepté sans au moins deux paires d’uniformes, des cahiers et des stylos, sans rien à se mettre sur le dos. Il ne pourra pas faire les trajets aller-retour à pied si le trajet est de 8 ou 10 kilomètres.

S‘il est interne, il lui faut du savon, une bassine pour la toilette, de la lessive pour ses vêtements, un matelas et des draps pour se coucher. Il est préférable d’avoir des sous pour rentrer à la maison si l’enfant est malade ou appeler un membre de sa famille (eh oui, les établissements ne prennent pas en charge de pareils cas), et là, je ne crois pas être exhaustif... »


Des mails adressés à Anne Lainé, notre présidente, et qui résument l’inquiétude des rescapés suite au récent incident diplomatique entre la France et le Rwanda :

« Comment vas tu, nous ca va tres bien. Je pense que tu le savais, il y a deux ou trois jours que l’Ambassade de France au Rwanda est fermée, a cause d’un juge Francais Jean Louis Brughiere, qui a dit que les hautes autorités du Rwanda doivent etre arretées, pour les faire juger.
Apres ce que Brughiere a dit, les autorités sont fachées, et ont decidé de fermer l’Ambassade de France au Rwanda.
Mais avec raison, ce nest pas Paul Kagame qui a créé le genocide, mais cest lui qui a arreté le genocide. Jusqu’a present il change beaucoup de choses au Rwanda, vous meme vous le savez.
Alors le gouvernement s’est reuni, et a pris la decision de cesser l’Amitie entre le Rwanda et la France .
Alors pour toi, qu’est ce que tu pense a cela.
Merci cher grande sœur, merci et bonne nuit. »

— Yusufu Simba

"Je suis désolée d’entendre encore des conflits politiques qui opposent le Rwanda avec la France. Mais le monde est comme ça, on est toujours victime des politiques.
J’ai le doute que votre voix qui s’élève en faveur des rescapés du génocide rwandais soit entravée par ce conflit, et vraiment nous avons besoin de vous.
Dernièrement, vous me disiez à propos d’un voyage pour le projet, pour le moment, je me pose la question si le gouvernement français vous laissera libre de recevoir de l’aide destinée en faveur des rescapés rwandais. Voici les ambassades sont déjà fermées ! Mes enfants sont en vacances et ils vous saluent. Nous ne sommes pas en accord avec toutes choses qui rendraient difficiles votre détermination d’être avec nous dans ce douloureux et pénible voyage de vie.
Anne, saluez tous ceux qui nous aiment et qui savent pourquoi il faut faire du bien à l’humanité."
— Béatha Ilibagiza


Le juge Bruguière...

Comme Simba et Béatha, de nombreux rescapés nous disent leur grande inquiétude et leur colère devant l’amalgame fait par le juge Bruguière entre responsabilité dans l’attentat contre l’avion du président Habyarimana et responsabilité dans la mise en œuvre du génocide.

D’ailleurs, des membres d’Appui Rwanda ont été soutenir les rescapés du génocide qui manifestaient à Paris, le 9 décembre 2006, à l’appel de la Communauté Rwandaise, contre les conclusions du rapport du Juge Bruguière .

Quelques informations pour mieux comprendre :

 Depuis plusieurs mois, une Commission Nationale Indépendante enquête sur l’implication française dans le génocide de 1994, de nombreux témoignages de rescapés et de génocidaires confortant cette hypothèse ; Pendant ce temps, le procès du colonel Bagosora, le cerveau du génocide, se déroule à Arusha, au tribunal Pénal international pour le Rwanda.

 Le 17 novembre 2006, suite à l’enquête sur l’attentat de l’avion qui transportait le Président Habyarimana, le juge Bruguière transmet son ordonnance au parquet dans laquelle il accuse le président Kagamé d’être le commanditaire de l’attentat.

 Le 23 novembre, le juge Bruguière signe 9 mandats d’arrêt contre des responsables du Front Patriotique Rwandais,

 Dans son article du 24 novembre, Patrick de Saint-Exupéry écrit dans le Figaro : « Il est, toutefois, fort peu probable que ces mandats soient suivis d’effets immédiats. La démarche du juge Bruguière a été, en effet, fortement contestée par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) établi à Arusha (Tanzanie). »,

 Dans la soirée du vendredi 24 novembre, le gouvernement rwandais annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec la France. D’un commun accord entre Bruxelles et Kigali, la Belgique représentera désormais les intérêts de la France au Rwanda.

Le projet créateur d’emplois :

Justin Scherer, un jeune étudiant américain qui fait un DESS humanitaire à Paris nous a rejoint afin de nous aider dans l’étude du projet, la recherche de financements et partenariats.

Nous étudions actuellement la faisabilité d’un projet que nous a proposé Serge Farnel. Il s’agirait de lancer la culture de la spiruline à l’attention des réfugiés du Darfour. La spiruline est une algue qui, après conditionnement, est un formidable complément alimentaire. Pour informations voir le sîte d’Antenna : www.antenna-france.org

Vénuste a trouvé très intéressante l’idée que des rescapés du génocide des Tutsi aident les réfugiés du Darfour. Nous attendons le retour de Serge qui est actuellement au Rwanda et qui doit nous faire rencontrer un certain nombre de personnes en réseau sur ce projet.

Par ailleurs, Etienne Lainé, qui est responsable de la mise en place du projet, considère que si ce projet spiruline peut nous permettre d’avancer rapidement, il ne faut pas négliger d’autres activités plus en adéquation avec l’économie rwandaise, et ce, en vue de la pérennisation des emplois.

En préparation :

Nous essayons de mettre en place en collaboration avec le cinéma d’art et d’essais d’Ivry, le Luxy, un week-end sur le thème du Rwanda avec projections de films accompagnées de débats, une exposition des peintures de Bruce Clarke et un concert...

Raoul Peck, réalisateur de « Sometimes in April », inédit en France, s’est déclaré enthousiaste à l’idée de présenter son film, si son emploi du temps le lui permet.

Ce week-end devrait avoir lieu en avril 2007, mois de la commémoration du génocide des Tutsis au Rwanda.

Petit rappel :

Nous attirons, à nouveau, l’attention de nos adhérents, sur le fait qu’il est important pour le bon fonctionnement de l’association, qu’ils soient à jour de leurs cotisations.

Nous vous enverrons prochainement la plaquette couleur de l’association réactualisée par Cyril Sauvenay, membre de notre conseil d’administration.

Pour Appui Rwanda
— Bruno Gouteux - Nathalie Bourg - Nathalie Richards


C’est avec une très grande tristesse que nous venons d’apprendre le décès de notre amie Josette Kabwa.

Josette Kabwa nous a quitté le 15 décembre dernier. Nous la savions fatiguée, mais nous ignorions sa maladie, Membre du conseil d’administration de Survie, elle en était la responsable à Rennes. C’est là que je l’ai connue, lors de projections de « Rwanda, un cri d’un silence inouï ». Je me souviens que nous avions été prises à partie par des négationnistes. Josette, qui avait vécu au Burundi avec son mari, médecin originaire de ce pays, connaissait bien l’histoire de cette région. J’ai pu apprécier la détermination tranquille de ses réponses. J’ai tout de suite éprouvé de l’affection pour cette femme incroyablement énergique, d’une grande finesse et au sourire tendre qui traduisait sa générosité. Elle est vite devenue l’un des membres dynamiques d’Appui Rwanda à qui l’on doit beaucoup d’initiatives au profit des rescapés, telles que les ventes d’objets organisées avec ses amies de Rennes.

A Léo, son mari, à ses enfants, à ses proches, nous exprimons nos condoléances et les assurons de nos sentiments fraternels.

— Anne Lainé


[1Le minerval : ce terme est emprunté au système de l’enseignement en Belgique où il désigne le droit d’inscription pour les élèves belges ou issus de l’Union européenne. Le montant de ce droit varie selon l’année d’étude, l’établissement et la situation du demandeur.
Le mot "minerval" est dérivé de Minerve, déesse grecque de l’intelligence.

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